Jeudi 17 mai 2007 : Culture et handicap
Vendredi 18 mai 2007 : Accès à la littérature et aux pratiques culturelles
Samedi 19 mai 2007 : Accès au cinéma, théâtre, musées - Accès aux sports
Propositions culturelles et accessibilité en Ille-et-Vilaine
Intervention de Bertrand Verine
Témoignage : L’accessibilité des arts plastiques
Vers un partage de la culture au nouveau musée Fabre
Auto-portrait d’Angelika MANDAWALA
un texte de Bertrand Verine
A la première question, je répondrai que ce sont avant tout les freins humains qui gênent l’accès des aveugles et des amblyopes à la culture. De façon très générale, parce qu’il y a trop souvent un écart entre la lettre des lois et leur application, ou entre différentes lois qui s’accordent mal entre elles ; mais aussi parce que l’administration et les pouvoirs politiques ont trop souvent l’impression qu’un aveugle réadapté et convenablement équipé n’est plus aveugle, alors qu’il le reste tout au long de sa vie.
Plus concrètement, dans le domaine de la culture, certains aménagements sont freinés par les réticences humaines, ou existent mais finissent par ne plus servir à rien si l’accompagnement humain ne suit pas.
Premier exemple, la lecture qui, pour nous, se fait grâce au braille ou aux livres enregistrés. Un livre en braille est beaucoup plus volumineux et beaucoup plus lourd qu’un livre ordinaire ; pour qu’une bibliothèque l’envoie à son lecteur aveugle, il existait depuis le début du 20e siècle une gratuité postale. Or, dans un premier temps, la Poste a multiplié les complications administratives pour pouvoir se faire rembourser le prix de son service par l’Action Sociale. Et bientôt, avec la mise en concurrence des services postaux, nous ne savons pas ce que va devenir cette possibilité.
De même, pour produire un grand nombre de livres en braille (actuellement 5% seulement du catalogue des libraires), le moyen le plus efficace serait de partir des fichiers informatiques des éditeurs. Or les éditeurs font encore beaucoup de difficultés pour accepter de fournir ces fichiers, malgré tous nos engagements de cryptage et d’utilisation non commerciale.
Autre exemple, l’accessibilité des sites Internet : dès l’an 2000, des normes internationales ont été élaborées pour que les icones et le graphisme des sites ne perturbent pas les logiciels d’accès en braille ou par synthèse vocale ; mais ces règles doivent être appliquées au tout début de l’élaboration des sites, et presque tout le monde les a ignorées, ce qui fait que même les sites officiels de l’État et des collectivités publiques ne sont pas accessibles, à quelques rares exceptions près.
Enfin, comme les sourds, nous rencontrons le problème du référent dans le cas particulier de l’accès aux arts plastiques : décrire un tableau à une personne qui n’a jamais vu et à qui on n’a jamais donné le droit de toucher une sculpture n’a aucun sens. Certains palliatifs techniques existent, comme la réalisation de maquettes, mais dans beaucoup de musées on se vante d’être accessible sous prétexte qu’il y a un plan en braille qui vous permet de savoir où sont les toilettes, mais pas ce que contient le musée. La vraie solution est dans l’accompagnement humain avec, par exemple, le partenariat entre le musée Fabre de Montpellier et l’Union des Aveugles et Handicapés Visuels de Montpellier et de la Région. Dans ce cas, nous allons faire des ateliers avec une médiatrice culturelle pour donner d’abord des références tactiles aux personnes intéressées avant de passer, dans une deuxième étape, à la description de tableaux.
En complément de l’article de Bertrand Verine, vous pouvez lire le témoignage de Michel MICHELLAND, réflexion sur comment rendre les arts accessibles.
La fondation Valentin Haüy a été contactée dans le cadre de la rénovation du musée Fabre, pour étudier les possibilités de visites et d’activités adaptées au handicap visuel. Vous pouvez lire l’étude sur l’accessibilité.