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Hommage à Josette Chalude

Article publié le samedi 27 septembre 2014.


Le 16 août 2014, Josette CHALUDE nous a quittés.
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Josette Chalude

Au-delà de l’émotion et de la tristesse que nous avons éprouvée à la lecture du message de Joël, son fils, ce sont de très nombreux souvenirs qui nous sont revenus en mémoire. Souvenir d’un premier accueil, en février 1975, lors d’un stage parental en Lorraine où tout jeunes adhérents de notre association de parents d’enfants déficients auditifs nous avons eu la chance de la rencontrer :

Chaleureuse, à l’écoute, elle nous a dit que tout était possible, qu’il fallait parler à notre enfant, faire des grimaces, se rouler par terre, faire des câlins, lui chuchoter dans l’oreille.

Elle nous a dit qu’elle irait à l’école comme les autres enfants, qu’il fallait parler aux enseignants.

Elle nous a aussi dit qu’il fallait nous battre, rencontrer d’autres parents.

Elle le disait et en même temps le mimait.

Elle était une maman tout à la fois convaincue que la fatalité ne devait pas nous démobiliser et convaincante : La rencontre avec d’autres parents, les échanges, le partage d’expérience étaient fondamentaux et les associations un outil à utiliser et à développer.

Elle était une militante.

Fondatrice en 1965 de l’Association Nationale des Parents d’Enfants Déficients Auditifs avec un petit noyau d’autres parents, elle a contribué à ce que partout en France se développe un réseau d’associations qui affirmaient que les parents doivent être les premiers éducateurs de leurs enfants, qu’ils doivent être scolarisés pour cela au plus proche de leur domicile, qu’ils peuvent apprendre à parler à condition d’utiliser les moyens matériels (les prothèses auditives, les amplificateurs ...) et les moyens humains ( les spécialistes, les orthophonistes dont la profession se développait, les audioprothésistes...). A condition aussi de parler, de raconter des histoires, d’être dans un bain de langage. Et qui peut le faire mieux que les parents ?

Bien sur, il ne faut pas oublier que nous étions au début des années 70, qu’à l’époque, les services d’accompagnement de l’intégration scolaire n’existaient pas et que ce type de discours pouvait déplaire en particulier au sein des institutions traditionnelles.

Cela lui a valu des inimitiés mais son discours était entendu et elle était respectée. Ce discours, en tous les cas, plaisait à un nombre de plus en plus important de parents. Les éditoriaux et les articles de la revue « Communiquer » dont elle était fondatrice étaient attendus. Pendant plus de vingt ans, ils ont contribués à informer et former des générations de parents et de militants.

Elle était, bien sur, une interlocutrice écoutée des pouvoirs publics, Ministère de la Santé et des Affaires Sociales, ministère de l’Education Nationale entre autres, auprès desquels elle défendait avec acharnements ses positions et celles de nos associations.

Elle a participé activement par les textes et contributions écrites qu’elle rédigeait à l’émergence des lois de 1975 qui ont à l’époque révolutionné le monde du handicap et sur lesquelles nous avons pu nous appuyer pour défendre les intérêts des enfants sourds et de leurs familles.

Elle était aussi persuadée de la nécessité de ne pas agir seuls :

Elle a initié la création de l’Union Nationale pour l’Intégration Sociale du Déficient Auditif regroupant à cette époque les associations de Parents d’enfants déficients auditifs, la Confédération Nationale des Sourds de France, le Bureau de Coordination des Devenus Sourds, et les Associations historiques telle que la Société Centrale.

Elle a participé à la création du regroupement des différentes associations représentatives des personnes handicapées et de leurs familles (aujourd’hui Comité d’Entente).

Elle a été administratrice de l’UNAF pendant de nombreuses années, de l’APAJH, Elle a participé activement à la rédaction de la revue « Réadaptation » et y a rédigé de nombreux articles.

Elle est aussi cofondatrice de l’association ACFOS (action connaissance formation pour la surdité) dont elle était présidente d’honneur.

Animatrice inlassable, elle a contribué à former de très nombreux parents lors des regroupements au centre de formation et d’action familiale de la Motte Feuilly.

Son action et les évolutions législatives qu’elle a contribué à faire émerger ont amené, dans de nombreux endroits, les associations à créer et gérer des services « d’initiative parentale » de type SESSAD (Service de Soutien à l’Education Familiale et à l’Inclusion Scolaire- SSEFIS) pour accompagner la scolarisation en milieu « ordinaire » des enfants sourds. Ce « modèle » a été par la suite dupliqué pour la mise en place dans les années 90 des services d’insertion professionnelle ou dans la vie sociale pour les adultes sourds. Voyageuse impénitente elle a sillonné la France et nous avons eu le plaisir de l’accueillir et de travailler avec elle à de nombreuses reprises.

Sa clairvoyance, son anticipation, ses écrits font que l’œuvre qu’elle a accompli perdure.

Nous lui en sommes infiniment reconnaissants.

Elle était une grande dame.

Merci Josette.

Nicole GARGAM [1]

[1] Responsabilité exercée par Nicole Gargam au sein du conseil d’administration de l’ANPEDA : administratrice de 1988 à 2003, secrétaire générale de 1993 à 1995 et présidente de 1995 à 2001
Présidente de l’UNISDA de 1999 à 2003


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