La langue des Signes Française
Comment la mettre en pratique dans les établissements
Témoignages de Jeunes Sourds et Jeunes Adultes Sourds
Leurs parcours depuis la scolarisation jusqu’à l’insertion professionnelle
Accessibilité à l’enseignement pour les sourds et malentendants
Démarches, Financements, Moyens techniques, Accompagnements
Pierre Roger : Nous allons commencer la table ronde sur la langue des signes.
J’attends les interprètes.
Je vous présente :
Mme Golazewski qui est inspectrice générale de l’éducation nationale,
M Daniel Prat, directeur du CELEM,
Mme Keiss, orthophoniste à l’EIDC Argenteuil
M. Alain Gébert de l’INJS.
Mme Karine Feuillebois du SEFISS Laurent Clerc,
En 2008 et 2009, de nombreux décrets sont parus sur l’enseignement de la langue des signes que ce soit au collège, au lycée ou dans les écoles.
Il y a eu la possibilité pour les élèves de passer la LSF comme option au bac.
Cette année, le CAPES LSF est ouvert pour la première année. Les inscriptions ont été closes en octobre. Je pense que l’épreuve se déroulera en avril.
Encore plus récemment, un nouveau décret est sorti le 9 décembre au JO, je crois que c’est la certification complémentaire pour l’enseignement en Langue des Signes Françaises, ce qui permettra aux professeurs de l’Education nationale et du privé sous contrat peuvent passer un examen pour obtenir cette certification, et officiellement pouvoir enseigner en langue des signes (non pas enseigner LA langue des signes, mais EN langue des signes).
L’UNAPEDA, par rapport à l’enseignement de la langue des signes a mis sur son site un éditorial indiquant que les réformes proposées vont peut-être dans le bon sens, mais nous nous posons des questions sur le public qui est visé. Souvent, c’est un public bilingue qui ne correspond pas forcément à la totalité des enfants. Cela correspond souvent à des enfants dont les parents souhaitent un enseignement bilingue en considérant que le bilinguisme étant la LSF comme langue orale et le français comme langue écrite.
Or, il y a beaucoup d’autres parents, la majorité, qui souhaitent avoir un enseignement oral, avec l’enseignement oral, ils souhaitent également un enseignement de la LSF qui leur soient apportées.
C’est vrai qu’il y a une confusion chez certains par rapport aux nouvelles technologies, je veux parler des implants où l’on pourrait croire que l’utilisation de la LSF est dépassée. Or, les parents s’aperçoivent à l’usage que la langue des signes n’est pas dépassée puisque c’est un moyen de communication que vont privilégier ces jeunes qui sont élevés dans un contexte oraliste mais qui auront besoin de langue des signes pour s’exprimer dans la vie sociale qu’ils auront avec d’autres sourds ou dans leur vie professionnelle.
Je vais laisser la parole à Mme Golazewski qui expliquera les décrets concernant la LSF. Quelques exemplaires de l’éditorial de l’UNAPEDA ont été tirés et mis à disposition sur la table à l’entrée. Vous pouvez également aller sur le site de l’UNAPEDA pour en prendre connaissance.
Mireille Golazewski : Bonjour à tous. Je suis inspecteur général à l’éducation nationale et chargée depuis quatre ans de tout ce qui relève de la scolarisation des élèves déficients auditifs en France et plus particulièrement de la LSF. Je vais rappeler brièvement deux ou trois choses et je crois qu’il sera plus intéressant ensuite que la salle pose des questions.
On obtient souvent plus d’informations dans des questions-réponses que dans un discours officiel qui est toujours un peu guindé.
En deux mots, l’éducation nationale s’est emparée de ce dossier à partir de la loi 2005 que je ne vais pas vous rappeler parce que tout le monde la connaît.
Il y a deux possibilités qui sont offertes aux parents, soit un enseignement bilingue, LSF en communication face-à-face française écrit ou un enseignement oraliste avec un français écrit et oral. Je tiens à le dire et à le répéter fermement parce que nous sommes très mal compris à l’éducation nationale. Tout mode de communication dès l’instant où il est mis en place pour les enfants dès l’instant où il donne la possibilité à ses enfants de pouvoir communiquer, s’insérer dans la société est à la fois un parcours de vie harmonieux.
Il n’y a pas chez nous les pro LSF, les contre LPC, cela n’a pas de sens. Je le dis et le répète car je lis beaucoup de tracts qui disent souvent n’importe quoi.
Pourquoi l’éducation nationale a-t-elle commencé ce chantier sur la LSF. La loi de 2005 la positionnait comme une langue française à part entière. C’est énorme. La LSF étant une langue française, l’État français a obligation d’en proposer l’enseignement aux enfants de la République qui en font le choix. Il n’y avait rien qui avait été fait jusqu’à présent.
Je veux rapidement répondre à tous ceux qui nous ont précédés et qui avait tenté de faire quelque chose dans ce domaine, chose qu’il n’avait pas toujours abouti pour diverses raisons, parfois des ruptures politiques, parfois des idéologies, parfois des conflits. Tout ceci n’a pas lieu d’être. L’heure est à la mutualisation des compétences des uns et des autres et des ressources humaines et matérielles.
Très vite, en quatre ans, nous avons rédigé l’intégralité des programmes de LSF. Certaines personnes dans la salle ont participé à ces travaux. Cela a été une entreprise colossale. Il y avait des tensions, des clivages ; il y avait des linguistes, des sociologues, des pédagogues... C’était très compliqué. La première année, nous avons appris à nous connaître. C’est essentiel pour constituer un groupe de travail qui fonctionne. Puis, nous avons bâti des programmes d’enseignement pour l’école maternelle, le primaire, le collège, le lycée d’enseignement général et les lycées d’enseignement professionnel.
Nous avons les programmes car la LSF est une discipline à part entière comme l’histoire, la géographie, les sciences.
Dans le même temps, nous avons ouvert l’option LSF au baccalauréat car il fait l’objet d’une forte demande des familles. À l’ouverture en 2008, 100 candidats inscrits, entendant et sourds. Deux tiers d’entendants et à peu près un tiers de sourds. En 2009, 500 candidats inscrits. Pour cette année, j’aurai les chiffres dans une semaine.
Quand je dis deux tiers entendant et un tiers sourd pour l’option LSF au baccalauréat, cela nous interpelle car cela montre que les élèves entendants ont compris plusieurs choses. Ils ont compris que quand l’on a à faire à l’autre on ne doit pas partir des mêmes services autres que cela doit partir dans les deux sens. Quand vous avez un camarade sourd, ce n’est pas à lui seul de faire l’effort de se faire comprendre mais aussi aux autres d’aller vers lui. Les jeunes ont compris très vite.
C’est la première raison pour laquelle ils ont pris cette option. La deuxième raison, c’est qu’ils étaient dans un milieu familial dans lequel il y avait des personnes sourdes. Troisième raison, c’est la curiosité par rapport à cette nouvelle langue qui les attire, qui intrigue, qui leur permet de se rendre compte que par cette gestuelle ils peuvent retrouver une forme de communication non verbale extrêmement utile pour les autres disciplines aussi c’est extrêmement utile dans la société. On communique parfois avec les autres par un regard, une expression, un sourire ou un geste. On a tendance à l’occulter, parce que nous sommes dans un pays où l’esprit prime sur le corps et où on commet une cette grave erreur de priver les êtres humains que nous sommes de tous les moyens de communication, les gestes en étant un parmi d’autres.
Dernière ouverture, l’ouverture des pôles LSF. Je vais juste lancer le sujet et ensuite répondre à vos questions. Nous avons ouvert des pôles bilingues. Je suis linguiste et je n’aurais jamais utilisé le mot bilingue. Je ne sais pas ce que cela signifie « être bilingue ». C’est comme si on disait des Français pour lesquelles le français est la langue maternelle qu’ils sont parfaitement capables de s’exprimer dans cette langue ou au top de leurs capacités. C’est une erreur. On n’est jamais totalement au courant de sa langue maternelle. Dans les académies. il y a actuellement 15 académies qui ont ouvert un pôle LSF.
Un pôle LSF est un ensemble articulé d’établissements scolaires, école maternelle, collège, lycée dans une zone géographique concentrée. L’idéal étant la même ville pour que les enfants n’aient pas à se déplacer. Et surtout pour qu’ils puissent de la maternelle jusqu’au classe de terminale avoir un parcours complet sans heurt et sans rupture d’enseignement de LSF et en LSF.
Je veux m’attarder une seconde sur le dernier en date parce que c’est un pôle qui concerne tout le monde. Il s’agit du pôle de l’académie de Rouen sur lequel nous travaillons d’arrache-pied depuis six mois. C’est un pôle classique de la maternelle jusqu’à l’enseignement supérieur, c’est un pôle national avec une prépa scientifique ouverte aux élèves, aux bacheliers STI, etc. Ce pôle de Rouen a ouvert des plates-formes de mutualisation de ressources et nous avons la capacité technique de diffuser des cours de LSF ou en LSF dans tous types d’établissements scolaires en France que leur demande.
le CAPES LSF.... Le point faible de notre dispositif, car tout n’est pas parfait, tout cela est en construction, nous avons demandé, j’ai demandé et obtenu l’ouverture du CAPES de LSF. Le maillon faible de ce dispositif est la ressource humaine. L’enseignement de la LSF est assuré par des enseignants sourds et cela est tout à fait normal car ce sont eux qui connaissent la langue puisqu’ils la pratiquent souvent depuis la naissance. Enseignants sourds venant d’associations qui sont contractualisés par les rectorats dans les académies et qui à raison de 2h par jour par établissement vont enseigner dans une école primaire, un collège ou un lycée. Et puis, il faut enseigner les autres disciplines en LSF.
Le dernier décret en date va permettre d’identifier en France et nous, on fait ce travail d’identification, tous les enseignants qui ont déjà le CAPES de mathématiques, d’histoire ou de géographie et des compétences en LSF que nous allons sérieusement habiliter. La barre sera toujours très haute. La langue des signes est une langue à part entière, elle ne sera jamais bradée. Nous allons identifier ces personnes, les habiliter ici par rapport aux critères cités ; elles pourront enseigner leur discipline en LSF. Pour l’enseigner il faudra désormais avoir le CAPES de LSF. J’ai donc demandé que l’on ouvre deux classes. J’ai un diplôme classique dans lequel on va, c’est le cursus classique de l’étudiant dans une discipline donnée qui veulent devenir professeur et qui présente le CAPES. Si je ne devais demander que ce CAPES, il n’aurait pas été ouvert aux enseignants sourds puisque les enseignants sourds qui viennent des associations n’ont parfois pas de qualifications universitaires. Il existe donc un deuxième CAPES, pour laquelle il faut justifier d’un certain nombre d’années d’activité professionnelle dans la discipline. Dites-le bien partout, il y a deux CAPES et les personnes sourdes ont la possibilité de présenter un des deux. C’est la nouveauté 2010 qui rentre en application cette année pour la première fois.
Je m’arrête car je préfère laisser la parole aux autres personnes et revenir pour des questions réponses plus tard.
M. Prat : Bonjour je suis le directeur du CELEM situé à Paris dans le neuvième arrondissement. En introduction, je veux indiquer que par rapport au projet d’établissement, nous proposons aux enfants la langue des signes française mais aussi l’accès au Français oral et écrit. Nous proposons aux enfants la langue des signes française, du français oral et écrit.
Il y a deux aspects, d’abord l’appropriation de la langue par l’enfant, le petit enfant qui va s’imprégner de cette langue est rentré dans un jeu de questions-réponses et au fur et à mesure il va construire la langue et comprendre à quoi elle sert. Le deuxième aspect, c’est l’apprentissage de la langue qui résulte du travail qui peut se passer dans les écoles. On va avoir un apprentissage dirigé autour des situations scolaires, ce sont donc des aspects différents de tout ce qui est l’appropriation où là il y a un passage direct.
Pour ce qui est du CELEM et de la langue des signes française, si je reprends ces deux aspects de l’appropriation de la langue, nous accueillons des enfants à partir de trois ans jusqu’à 12 ans. Certains ont déjà la langue des signes, d’autres ne l’ont pas. Il y a de toute façon quelque chose d’important qui est cette appropriation et d’avoir des référents linguistiques. Au niveau des équipes, des éducatrices sourdes apportent langue des signes, des professeurs de langue des signes avec une licence professionnelle. Elle va se faire autour des activités proposées comme toutes les écoles maternelles. Mais la langue utilisée sera la langue des signes française que les enfants vont pouvoir s’approprier. Ce travail d’appropriation doit s’appuyer sur ce travail d’apprentissage de la langue. Il ne suffit pas que l’enfant ait la langue des signes utilisée, il faut la lui enseigner, c’est le rôle des professeurs de langue des signes françaises qui interviennent quotidiennement auprès des enfants. Cet apprentissage se fait soit pendant les cours de langue des signes, soit des cours en langue des signes françaises. Une des matières souvent réalisées par les professeurs de langue des signes et l’éducation civique mais il peut y avoir d’autres domaines, les sciences ou l’histoire.
Il y a aussi une proposition de temps individuel. Soit l’éducatrice, soit le professeur rencontre l’enfant seul parce que, au niveau de la construction de la langue des signes, pour un enfant qui ne connaît pas du tout la langue des signes, on va essayer de lui faire un apprentissage intensif. Dans ses aspects, je vous ai parlé de ce que nous faisions au CELEM. il y a une chose très importante, c’est la famille. L’appropriation d’une langue se fait au départ dans la famille. Nous recevons les enfants à partir de trois ans. Nous proposons aux parents des cours de langue des signes dans l’établissement. Afin qu’ils puissent apporter chez eux la langue des signes à leur enfant. Il y a cet année deux groupes débutants et des cours plus avancés. C’est quelque chose d’essentiel. Le projet des deux langues s’appuie sur ce que nous proposons bien sûr, et aussi sur tout ce qui se passe à la maison. Nous sommes vigilants à cela.
Dernier point, concernant les projets linguistiques et sociaux de langue, le français oral et écrit et la langue des signes française. Plus les enfants grandissent plus il est nécessaire de clarifier ces deux langues. Ils ont une structure grammaticale totalement différente. Nous avons un temps de bilinguisme ou un professeur spécialisé entendant et un professeur de langue des signes vont travailler avec les enfants sur les structures des langues autour d’histoires ou de phrases. L’objectif est que les enfants identifient bien cette langue et qu’ils puissent rentrer dans l’une comme dans l’autre avec plus de facilité.
Mme Keiss : Bonjour je suis orthophoniste à l’EIDC Argenteuil. L’établissement a été créé en 1973. Nous recevons des enfants depuis l’éducation précoce, du très jeune bébé de quatre mois, 2, 3 ou quatre ans puis nos enfants sont en classe spécialisée ou intégrée dans les maternelles, les écoles primaires, les collèges, lycées. Nous avons des élèves jusqu’au BTS. La langue des signes n’arrive jamais par hasard dans un établissement. Dans la nôtre d’autant moins, qu’elle a été interdite pendant des dizaines d’années. C’est suite à un consensus général, le personnel, l’association de parents d’élèves et le directeur de l’éducation nationale de l’époque que nous avons pu, sur décision du préfet, changer l’association de gestionnaire, d’inclure dans nos programmes éducatifs et pédagogiques de la LSF.
La première éducatrice sourde spécialisée a été embauchée par le service de l’éducation précoce. Il nous semblait que nous devions commencer ce travail auprès des tout-petits. Les jeunes enfants qui sont arrivés, sont pour la plupart des enfants qui avaient des parents entendants. Ils étaient souvent inquiets, coléreux, ils n’avaient aucune communication. En peu de temps, les premiers gestes leur permettaient de mettre du sens, de comprendre des informations élémentaires qui les rassuraient. Le rôle de l’éducatrice spécialisée pour les très jeunes enfants n’est pas un apprentissage de la langue mais une imprégnation. Les enfants et leurs familles sont pris par cette éducatrice en individuel une fois par semaine puis sont regroupés dans des petits groupes quatre fois par semaine.
Pour moi qui suis orthophoniste, je peux vous dire que pour de très jeunes enfants sourds, la langue des signes ne représente pas un danger par rapport à la langue orale mais souvent un tremplin qui nous est nécessaire pour aborder la langue orale de façon sereine grâce à la conceptualisation et permet précocement la langue des signes. Ces enfants grandissants, nous avons embauché d’autres éducateurs ou professeurs spécialisés sourds dont le rôle est souvent, suivant l’âge des enfants, d’entrer plus précisément dans les constructions de la langue, de développer un lexique plus élaboré, de réfléchir sur les constructions de la langue des signes.
Actuellement, sur une centaine de professionnels, 25 sont des professionnels sourds. Nous avons des éducateurs spécialisés, des professeurs de la LSF étaient professeurs en LSF, des animateurs, une psychologue, une formatrice de LSF qui s’inscrit au CAPES. Elle intervient pour faire une analyse précise de la langue des signes, une analyse linguistique, étymologique. Elle fait des comparaisons entre LSF, langue orale et écrit.
Dans notre établissement, nous reconnaissons, nous honorons et nous favorisons au maximum l’acquisition de la LSF de même que l’acquisition de la langue orale demeure chez nous une priorité et que nous essayons de faire en sorte que l’antagonisme entre oral et le gestuel qui, depuis si longtemps le monde de la surdité se transforme en un respect mutuel pour cette langue.
Il nous arrive, et c’est très nouveau pour nous, de jeunes parents qui, avant de faire le choix d’un établissement spécialisé au prix des informations sur Internet et ont décidé, alors que leurs enfants étaient de jeunes nourrissons, d’apprendre la langue des signes dans des associations de sourds. Ils ont actuellement un excellent niveau en langue des signes. Ils ont de jeunes enfants avec lesquels ils communiquent dans un français signé intelligent qui respecte à la fois la langue française et la langue des signes. Ils ont choisi de faire implanter leurs jeunes enfants. Ils sont souvent stupéfait du tollé que cela provoque auprès de leurs amis sourds. Ils disent simplement qu’ils veulent donner à leur enfant tous les possibles et que peut-être leurs enfants sourds fera un choix plus tard de telle ou telle langue mais que cela sera un choix raisonné et non un choix par défaut.
Alain Gébert : Bonjour à tous. Je suis responsable du pôle LSF. Il y a quatre personnes qui travaillent avec moi. Nous réfléchissons sur l’enseignement de la langue des signes. Il y a Nadia qui fait des cours de langue des signes de la maternelle jusqu’à la quatrième et ensuite la quatrième jusqu’au lycée professionnel. C’est moi qui enseigne pour les élèves en intégration. C’est un centre de réflexion...
Le pôle LSF a été créé en 2005. Depuis deux ans, nous commençons un projet linguistique qui émane du projet établissement. Le projet linguistique : il y a trois pôles, le français écrit, le français oral et le pôle LSF. Il a pour objectif les élèves mais pas seulement. On enseigne la langue des signes, c’est un pôle ressource avec énormément d’activités. On a réfléchi à la création (...) je ne sais pas, vous savez que INJS est relié au ministère de la santé. Comme une activité de recherche pour en faire un pôle pour enseigner aux formateurs, pour les professionnels de Saint-Jacques des cours de langue des signes et également et cours pour les partenaires extérieurs. On a élaboré des partenariats extérieure pour créer des supports pédagogiques. Je fais parti d’un projet international. J’ai voyagé à l’île Maurice. Je vais également dans les Seychelles. Ce travail m’a donné des compétences et une méthodologie de recherche. Grâce a ses compétences acquises, j’ai pu les transmettre au pôle LSF de INJS.
Par rapport à la méthodologie de recherche, pour la recherche de LSF, il y avait un problème de manque de vocabulaire au lycée professionnel. Le lycée professionnel a une section coiffure, une section imprimerie, une section prothèses dentaires. Nous avons filmé les élèves et grâces à ces corpus que nous avons réalisés nous avons découvert plein de signes que nous allons diffuser sur le site Internet de ce point un autre projet, c’est un projet européen en partenariat avec l’université de Paris VIII et l’académie de la langue des signes. Nous avons analysé les corpus langue des signes et ensuite, Paris-VIII laissait diffuser sur le site européen.
Le centre ressource, le pôle LSF est aussi un centre de ressources pour le professeur et c’est une passerelle entre la langue des signes français et le français. Par rapport à la LSF et aux cours de français, au cours de mathématiques, nous avons réfléchi à la façon d’enseigner ces matières en langue des signes. Rapport aux professionnels de Saint-Jacques, il y a plusieurs niveaux, au plus haut niveau, il n’y a qu’un seul professeur, cela ne concerne que les professeurs. On essaie de mettre le français et on essaie de faire un parallèle entre le français et la langue des signes pour que ce soit plus clair. On essaye de créer des supports pédagogiques pour faire un parallèle entre le français et la langue des signes. Nous enseignons la langue des signes auprès de l’école nationale supérieure qui a fait appel à nous pour qu’on leur donne des cours de langue des signes.
Par rapport à l’enseignement des élèves, il y a pas mal de problématiques, parce que par rapport à la loi 2005, elle nous a donné énormément de champs possibles.... La première problématique, ce sont les supports pédagogiques à élaborer. En anglais, en italien et en espagnol. L’enseignement... tous les supports pédagogiques ne sont pas créés.
On réfléchit au support. Aux besoins des élèves également de la maternelle au lycée. Je sens que nous avons peu de temps ; je préfère écarter certains sujets. Les activités du pôle LSF sont affichées la bas.
Pierre Roger : Mme Karine Feuillebois du SEFISS Laurent Clerc va nous expliquer l’utilisation de la langue des signes à l’intérieur d’une BCD (Bibliothèque Centre Documentaire d’école).
Karine Feuillebois :
Présentation :
Je travaille dans l’établissement Laurent Clerc depuis 14 ans. J’interviens dans les différents niveaux d’enseignement.
J’ai un rôle spécifique : la lecture → enrichir la LS des élèves mais aussi les ouvrir au plaisir de lire.
Ce n’est pas un hasard si j’enseigne la lecture et si je suis responsable de la bibliothèque et centre de documentations (BCD), c’est à cause du lien : Lecture et LSF.
De plus en plus les bibliothèques publiques embauchent des sourds mais, dans les écoles, je n’ai pas d’écho s’il y a d’autres sourds responsables et animateurs de BCD comme moi.
Historique :
Vers 1997-1998, les enseignants de Laurent Clerc ont été formés par l’AFL (Association française de lecture). La création de la BCD était devenue nécessaire et j’ai été partante pour en devenir l’animatrice. Pour moi une BCD est indispensable et comme j’aime lire, je voulais transmettre mon amour des livres aux enfants sourds. Je voulais effacer l’idée : les sourds n’aiment pas lire. Mais pourquoi n’aiment-ils pas lire ?
L’ethnologue Delaporte a écrit : « Comment entrer dans l’écrit sans disposer d’une langue 1ère qui permette d’accéder au sens, à l’imagination ? » (LSF : sans LS, pas de sens, ni d’imagination (vide), comment écrire et lire ? ).
Justement, mon rôle est de transmettre la LSF aux enfants (c’est la clé d’accès à leur imaginaire). Grâce à cette « ouverture », l’enfant sourd peut s’ouvrir (plonger) à la vraie lecture. Grâce à cette langue visuelle, l’enfant comprend mieux une autre langue « vivante ».
BCD :
C’est un lieu très important pour les enfants sourds , lieu de promenade autour des livres , d’ouverture, de découverte, d’imagination et de plaisir. Je ne raconte pas seulement et il y a bcp d’échanges et d’hypothèses émises grâce à la LS qui permet aux enfants d’imaginer et de raconter avec plaisir et sans complexe.
L’animation est très variée afin d’éveiller leur intérêt, le goût de la lecture et d’échanger avec leurs camarades (petits groupes)
Quand l’enfant est prêt, je l’encourage à lire davantage. S ‘il ne se sent pas prêt, je le respecte, je ne le force pas. N’oublions pas que la BCD est un lieu d’apprentissage dans le plaisir. J’essaie de l’amadouer, je joue, propose différentes approches jusqu’à ce qu’il se sente prêt à plonger dans le « bain » de lecture. L’enfant est comme une plante sans bourgeons, je l’arrose peu à peu.un jour, de fleurs apparaissent, c’est le signe de son épanouissement - il est prêt.
Objectif : donner la clé d’accès à la lecture dans le plaisir (la réussite de leur scolarité future en dépend)
Pour conclure, j’ai envie de dire simplement que la BCD et la présence d’un animateur sourd est indispensable pour les enfants sourds. Les livres leur procurent le bonheur ; avec ces livres, ils se sentent bien, encouragés et stimulés. C’est préférable, pour eux, d’avoir une référente sourde comme moi, c’est important aux « yeux » des enfants sourds. Si c’est un animateur entendant, ils vont dire, que comme il entend, il sait lire et donc ils font moins d’effort pour lire (croyant que c’est trop difficile pour eux). Leur représentation et faussée. Ils me « voient » : elle sait lire et aime lire, ils me jugent « normale ». Je n’aurais pas aimé qu’ils me jugent « exceptionnelle » ! ca les motive vraiment. Ils me motivent aussi car chaque jour, j’apprends avec eux malgré ma longue expérience.
Pierre Roger : Je vous remercie. Je remercie tous les intervenants. Un microphone va passer dans la salle.
Intervenant : Bonjour je suis la maman d’un petit garçon de trois ans, sourd, détecté il y a très peu de temps qui subit l’intégration en école normale depuis le mois de septembre. Mme de l’éducation nationale, tout ce que vous avez présenté est très intéressant mais quand allez-vous embaucher des AVS signants. Quand mon petit garçon pourra avoir quelqu’un qui communique avec lui à l’école ?
Je suis dans le 93 (Seine Saint-Denis) à Montreuil et je pense qu’il n’est pas le seul à avoir un AVS qui n’a aucune notion de la surdité ni de la LSF. Je pense que c’est le cas général et je pense que la maternelle est l’endroit où l’enfant doit apprendre une langue. Mireille Golazewski : j’ai bien entendu ce que vous avez dit. La question que soulève Madame est une question extrêmement importante. Vous aurez compris que la raison, la position du pôle LSF est de pouvoir en proposer dans un premier temps, un par académie mais l’objectif est un par département et le plus possible, pouvoir regrouper les enfants qui sont sourds pour qu’on puisse leur donner les meilleurs enseignants, professeurs qualifiés pour qu’ils apprennent la langue des signes (...affectés experts....).
On est loin de la réalité. M. le ministre s’est exprimé sur les AVS, je vais vous donner l’adresse du site et vous pourrez aller voir. Il l’a dit lui-même. Il s’est rendu le 3 décembre dernier au lycée François Truffaut à Paris et il a été interviewé par les journalistes sur les AVS. Vous avez la réponse du ministre sur le site Dailymotion.
Intervenant : Et la vôtre ? On a demandé une AVS. La dame de l’inspection académique du 93 était tout à fait d’accord pour que Vincent est une AVS signante sauf qu’il n’en aura jamais parce que rien n’est fait pour avoir financièrement l’embauche de personnes signante.
Mireille Golazewski : Ma réponse est qu’il faut le plus vite possible mettre des enseignants qualifiés auprès de ses enfants. Des professeurs qualifiés et compétents. Plus on apprend une langue vivante dans le jeune âge, mieux on apprend. Les auxiliaires de vie scolaire n’ont pas tous le niveau de compétence suffisant pour apporter cette exigence de qualité. Voilà ma réponse. Entre ma réponse et la réalité, il y a des abîmes. Nous travaillons énormément pour identifier les personnes ressources, pour regrouper ses enfants. S’ils sont 7, 8 ou neuf, on peut mettre un enseignant qualifié de la LSF. On ne peut pas mettre un enseignant qualifié dans tous les centres éparpillés de France où il y a des enfants sourds. Je vous conseille de vous adresser aux autorités académiques de votre académie pour lui adresser un courrier et lui demander quand il va s’ouvrir un pôle LSF dans le département dans lequel vous vous trouvez.
Intervenant : Le pôle LSF est en construction sauf que financièrement il n’y a pas les moyens qu’attendent tous les enfants sourds du 93 et qui sont en intégration. Ils sont en train de se noyer dans une piscine sans langue. C’est très grave. Le 93 n’est pas un petit département. Je suis sûr que dans beaucoup d’autres départements, on est dans la même situation. Que va-t-il se passer après, qu’est-ce que ce sont des enfants illettrés, sans langue ? quels moyens donne-t-on aux belles lois et aux beaux projets ?
Mireille Golazewski : il n’y a pas dans le 93 de pôle LSF.
Intervenant : Il est en projet.
Mireille Golazewski : Non. Il n’a pas démarré et je le sais. C’est la raison pour laquelle je vous demande d’adresser un courrier poli pour lui demander de reconstruire le pôle.
Intervenant : En attendant ?
Mireille Golazewski : Les recteurs d’académie ont obligation d’offrir un pôle au moins un par académie. Ce n’est pas en attendant madame, on n’attend pas. Il faut demander. On n’en a ouvert 15, il faut en ouvrir encore 15. Je vais à Bordeaux, à Orléans la semaine prochaine. Il faut rassembler les conditions. Lorsque les conditions sont rassemblées, les recteurs sont sensibilisés (...la demande obligatoire du ministre....) et mettent de l’argent sur les pôles. C’est comme cela que cela se passe. Mon objectif est d’arriver à la fin de cette année scolaire à ce que toutes les académies qui n’ont pas encore ouvert un pôle (.....). De même, nous avons inventorié dans toutes les académies, répertorié dans une liste tous les enseignants, académie par académie, ayant des compétences en LSF. Et nous allons les habiliter pour être affectés sur les pôles. Cela démarre en janvier. L’heure est à la mutualisation, la mise en commun de toutes les demandes et de toutes leurs ressources. Vous nous aidez en demandant aux autorités locales d’ouvrir un pôle LSF.
Intervenant : Faites-nous confiance.
Mireille Golazewski : Merci parce que vous nous aidez aussi.
Pierre Roger : Je vais apporter un complément de réponse par rapport aux AVS que vous pouvez trouver sur le site de l’UNAPEDA. Dès la création des AVS, L’UNAPEDA a estimé que c’était une erreur de l’Education Nationale de proposer des AVS, personnels sans qualification, sous-payés, sans réelle formation proposée, qui ne correspondaient absolument pas aux besoins de l’éducation des enfants sourds. Au bout de 6 ans, l’Education Nationale s’est aperçue qu’elle était incapable de gérer les AVS et a essayé de transférer la gestion des AVS aux associations en signant des conventions avec des association nationales. La signature de ces conventions s’est faite au cours de l’été 2009 mais sans permettre de faire naître un vrai métier d’accompagnement pour les enfants sourds. Les besoins qui auraient été nécessaire pour développer un vrai métier d’accompagnement étaient entre autre de se donner les moyens de payer correctement ces personnes, de leur donner une formation qualifiante et d’assurer une pérennisation de leur poste. C’est bien le contraire qui était voulu par le ministère. C’était notamment d’empêcher une pérennisation. Cela devait être juste des petits boulots. Des contrats de six ans avec un maximum de 20h. Cela représente quelque chose comme 700 € pour vivre.
C’est donc extrêmement complexe. Certaines AVS sont restés six ans pour accompagner des enfants sourds ; elles avaient acquis une certaine compétence et à celles-là on leur a dit : votre contrat est terminé, vous retournez à l’ANPE. On va embaucher quelqu’un d’autre qui sera nouveau. C’est le constat que l’on fait. Le gouvernement a essayé de faire quelque chose mais il y a eu une erreur il y a six ans. Certains SEFISS ont perdu leurs moyens suite à la politique mise en place avec les AVS.
Annie Auriol : Je suis inspectrice pédagogique et technique au ministère des affaires sociales. Les AVS de par leur mission, n’ont pas leur place auprès des enfants sourds. Par contre je voudrais rappeler aux parents en détresse que les établissements médico-sociaux qui existent avec des personnels extrêmement compétents pour l’apprentissage de la langue des signes à leurs enfants. Il ne faut pas oublier qu’il y a d’énormes ressources et qu’il faut savoir les exploiter et ne pas laisser ces enfants de se noyer dans l’enseignement ordinaire quand l’éducation nationale n’est pas encore en mesure de donner des moyens.
Intervenant : Bonjour à tous, je suis professeur de langue des signes dans le Nord à Amiens. Je participe également à une formation APEJH. J’ai plusieurs casquettes. J’ai travaillé à la recherche de création de pôles LSF en France, j’ai voyagé en France pour voir comment cela se passait afin de créer des critères pédagogiques pour l’enseignement de la langue des signes. J’ai réfléchi à des supports pédagogiques et j’ai réfléchi à comment prendre la prise en charge d’un pôle LSF. Dans les pôles LSF il y a des professionnels sourds mais cela est limité.
Dans les écoles ou les instituts, combien il y a d’enseignement ? C’est limité à trois ou deux éducateurs ou professeurs. Dans les établissements on sent qu’on aurait besoin de beaucoup plus. On est limité par les moyens financiers. Comment enseigner, par rapport à la LV1 il y a deux ou trois heures d’enseignement prévue mais en pratiquec’est réduit à 1 heure. On ne peut pas travailler sur les supports parce que on doit changer de casquettes à chaque fois. C’est la question de la prise en charge et de la diffusion qui est très important. Il y a énormément de pôles LSF dans les écoles, on a besoin de la langue des signes mais par rapport à l’enseignement de la langue des signes et en langue des signes comment la mettre en place exactement ?
Mireille Golazewski : Merci monsieur. J’ai oublié tout à l’heure de vous dire que lorsque nous avons rédigé les programmes d’enseignement de LSF qui sont maintenant les programmes officiels de l’éducation nationale, nous avons parallèlement à cela ouvert un site ressource enseignement de la LSF en direction des professeurs chargés d’enseigner la LSF à l’école maternelle, à l’école primaire, au collège et au lycée. Ce site s’appelle www.ressources-lsf.cndp.fr.
Je remercie tous les collègues qui ont travaillé à la construction de ces fiches pédagogiques qui suivent le programme pour aider les professeurs à enseigner la LSF. Il y a quelque chose comme 50 fiches. C’est un travail énorme fait par des professionnelles et validées par des experts linguistiques. Ce sont des fiches de très grande qualité. C’est aussi le site sur lequel nous communiquons des choses concernant la LSF.
Je vous conseille un deuxième site qui s’appelle www.lecolepourtous.education.fr qui est un site de ressources piloté par le service numérique de l’éducation nationale qui labellise des produits, des logiciels, des outils que nous mettons sur le site en direction des enseignants. La facilité d’un site est que l’on peut faire des mises à jour en permanence.
Nous avons beaucoup de retour d’enseignants sur ces fiches. On va voir les enseignants dans les classes qui les utilisent et cela semble-t-il leur apporte une aide pédagogique. Il n’est pas question nécessairement de copier la fiche intégralement mais de s’en inspirer et d’avoir un support. Ces supports sont accompagnés de vidéos, d’images, de textes signés et naturellement s’il y a dans la salle des contributeurs de ces choses-là, nous sommes tout à fait preneurs. Adressez-nous un mail, nous ferons expertiser vos travaux par des experts et s’ils sont valables ils recevront le label éducation nationale et seront mis sur les sites.
Pierre Roger : je veux dire simplement que toutes les adresses que vous avez eu, vous pourrez les retrouver à partir du site de UNAPEDA. Nous ferons un lien sur tous les sites et sur tous les exposants.
Intervenant : Ce que vous nous avez dit est très clair mais en ce qui concerne la prise en charge... Je ne critique pas qui fait quoi partout dans toute la France. Dans les pôles, on enseigne dans plusieurs classes, par exemple dans le 93, il y a un seul professeur pour les classes. Ce n’est pas possible par rapport aux horaires et au référentiel.
Il faut vraiment améliorer cette prise en charge. Comment elle se fait ? c’est très important. C’est très long, on parle de pédagogie mais cela est vraiment trop long. Il faut que cette évolution se fasse vite. Imaginons que nous ayons beaucoup de professeurs de langue des signes, l’évolution serait très rapide. Est-ce que vous pouvez réfléchir à cette prise en charge parce que c’est cela qui est très important.
Intervenant : j’avais une petite question en tant que parent. La question de la dame m’interpelle. Est-ce que tout ce gros travail sera édité dans les écoles ordinaires en guide pour les parents. Dans les écoles de quartier, les gens sont perdus. Sera-t-il édité un guide ou une documentation sur ce travail qui a été fait.
Mireille Golazewski : Je suis ravie que vous posez la question parce que nous souhaitons associer davantage les parents d’élèves à nos démarches. Nous allons beaucoup à l’étranger et on s’aperçoit que dans les autres pays européens, les parents d’élèves handicapés sont parties prenantes de ces travaux. En France, nous avons toujours des cloisonnements entre les institutions, les parents d’élèves. Chose contre laquelle il faut lutter. Je me permets de dire que dans certains pôles, il y a des cours qui sont assurés pour les parents d’élèves qui apprennent eux aussi la langue des signes.
Pour ce qui est de la publication, je réponds peut-être à votre demande. Le centre national de ressources pédagogiques du ministère de l’éducation a construit cet ouvrage dont j’ai mis quelques dépliants à l’entrée qui s’appelle la langue des signes française école qui va sortir début janvier, que nous avons souhaité faire pour les parents, pour les enseignants, pour tout le monde. Cela nous a demandé un énorme travail de rédaction en français simplifié pour qu’aucun parent d’élèves, y compris sourds, ne rencontrent des difficultés de compréhension. Vous avez la quintessence de tout ce qui était fait par l’éducation nationale, toutes les adresses de sites. Je vous conseille de le regarder. C’est une chose.
Je vais en dire une deuxième et je voudrais terminer sur une note positive parce qu’il le faut sinon nous serions dans la désespérance totale. Si je pouvais cloner les enseignants, je le ferais tout de suite, si je pouvais en trouver 1000 demain matin, j’en mettrai 1000 dans les écoles et collèges mais je ne les ai pas. Il ne faut pas désespérer, nous avançons grâce au travail de tous. Cette revue va s’appeler la langue des signes : une langue vivante comme les autres. Je pense par là-même convaincre les décideurs et je ne suis pas parmi les décideurs. L’inspection générale donne des conseils mais ne prend pas la décision. J’espère avoir prouvé que la langue des signes est une langue vivante. On a parlé des dictionnaires, des difficultés de terminologie pour certains termes professionnels.
Toujours est-il que nous essayons de convaincre tous les décideurs, et votre rôle est très important dans vos actions, vos séminaires, dans les actes de vos séminaires car nous les recevons, je les porte aux décideurs, je surligne en jaune, je note certaines pages. Nous essayons tous de les convaincre que la langue des signes aujourd’hui conformément à la loi doit être une langue à part entière enseignée dans les meilleures conditions possibles pour ces élèves pour lesquels elle est la langue première. On ne parle pas la langue maternelle pour la langue des signes, on ne parle plus dans les langues vivantes de langue 1ou langue 2. On parle d’offres de langues. Il faut que cette langue trouve sa place. Vous avez tous compris que malgré toutes les carences, malgré toutes les difficultés et toutes les faiblesses, depuis quatre ans, nous avons fait un bond historique sans précédent grâce à l’action de tous les enseignants, de tous les professeurs. Quand je demande à une équipe de venir travailler sur Paris, je n’ai jamais eu de réponse négative. Nous avons des réunions tout au long de la semaine sur les programmes, les fiches pédagogiques, la formation des enseignants, la web académie, je trouve qu’en quatre ans, nous avons des raisons d’espérer améliorer ce qui est posé comme une réalité. Je crois qu’aujourd’hui l’éducation nationale a intégré dans ses concepts l’existence de cette langue. Il y a quatre ans cette langue n’existe pas du tout ! C’est comme si vous inventez une discipline nouvelle et qu’il n’y a pas d’enseignants, de professeurs, de programmes, il n’y a rien du tout. Il faut faire sortir tout cela du sol et ce n’est pas évident. On a fait pas mal de choses en ce sens qu’on a posé des jalons et surtout qu’on a fait évoluer les mentalités. Le chantier est ouvert et colossal. J’espère que dans cinq ans ou dans 10 ans, on n’en parlera plus. Est-ce qu’on parle aujourd’hui de l’enseignement de l’anglais, de l’éducation physique et sportive ? c’est rentré dans les moeurs. Là, on en parle tous les jours. Les mentalités commencent à bouger mais évidemment j’appelle à la coopération, que chacun se mobilise à l’endroit où il se trouve pour aider à faire avancer encore plus la prise de conscience des besoins réels.
Nous organisons dans toutes les académies le plan académique de formation. Il y a des stages d’initiation à la LSF ou d’apprentissage de la LSF, des stages académiques, on fait venir des formateurs sur place. Dans l’académie de Nantes, 25 professeurs des écoles ont demandé l’année dernière un stage de formation. Il a eu lieu.
Intervenant : Pourquoi le stage du 93 qui devaient avoir lieu cette semaine pour tous les enseignants du 93 qui voulaient s’initier a été annulé, parce que l’inspection académique n’a pas donné de remplaçant à ses enseignants. Du coup il n’y a pas de stage cette année pour les enseignants qui veulent s’initier.
Mireille Golazewski : je vous explique madame, le problème. Il faut que les enseignants qui veulent être en stage le fassent savoir six mois à l’avance.
Intervenant : Cela avit été fait madame.
Mireille Golazewski : Pourriez-vous me faire un courrier s’il vous plaît.
Intervenant : la FCPE de sept écoles et des autres écoles concernées ont été tellement choquées que vous allez recevoir un courrier, une pétition.
Mireille Golazewski : Nous la lirons mais je vais vous laisser mon adresse mail car je voudrais aller creuser cela de près et me rendre sur place. Merci pour votre attention et bon courage à tous. Sachez que nous sommes au travail.
Pierre Roger : Je voulais remercier tous les intervenants pour cette table ronde qui était très attendue. Nous allons faire une pause. Vous pouvez acheter des sandwiches et des boissons au buffet. Je vous propose de nous retrouver à 14 heures pour la prochaine table ronde. Entre-temps, les stands des écoles sont toujours ouverts et vous accueillent volontiers.