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Les langues des signes (LS) : recherches sociolinguistiques et linguistiques

Article publié le lundi 18 juin 2007.


La revue de sociolinguistique Glottopol fait le point sur les derniers travaux entrepris dans le domaine de recherche sur la Langue des Signes Française

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Présentation par Richard Sabria

« L’intitulé de ce numéro appelle quelques précisions. La juxtaposition des termes "sociolinguistiques" et "linguistiques" est choisie à dessein pour caractériser la réalité de la recherche française en langues des Signes. Les chercheurs réunis ici partagent, au delà de la diversité de leurs objets, une ligne éthique et des objectifs.

Engager une étude sur la LSF, c’est choisir de travailler sur une langue à l’histoire chaotique ; c’est aussi choisir de travailler sur une langue dont l’existence même est le lieu de conflits linguistiques, identitaires et sociaux... »

Table des matières


-  Richard Sabria : Présentation

-  Richard Sabria : Sociolinguistique de la Langue des Signes Française

-  Dominique Boutet et Brigitte Garcia : Finalités et enjeux linguistiques d’une formalisation graphique de la langue des signes française (LSF)

-  Annie Risler : La simultanéité dans les signes processifs

-  Ivani Fusellier-Souza : Processus de création et de stabilisation lexicale en langues des signes (LS) à partir d’une approche sémiogénétique

-  Agnès Millet : Le jeu syntaxique des proformes et des espaces dans la cohésion narrative en LSF

-  Geneviève Le Corre : Regard sur les rapports intersémiotiques entre la langue des signes française et le français

-  Pierre Guitteny : Langue, pidgin et identité

-  Saskia Mugnier : Le bilinguisme des enfants sourds dans l’espace éducatif : de quelques freins aux possibles moteurs

-  Françoise Bonnal-Vergès : Langue des signes française : des lexiques des XVIIIe et XIXe siècles à la dictionnairique du XXIe siècle

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-  Richard Sabria : Sociolinguistique de la Langue des Signes Française

L’article de Richard Sabria, partant d’une synthèse des recherches sociolinguistiques rouennaises appliquées à une langue minoritaire (LSF), insiste sur l’extrême complexité et hétérogénéité des processus de construction, d’affirmation, de revendication identitaires. Les questions identitaires occupent une position centrale mais elles font immanquablement émerger d’autres questions plus générales touchant, entre autres, à la place du bilinguisme dans le système éducatif français traditionnellement monolingue, au statut des langues et cultures minoritaires, à la politique des langues, à la politique scolaire, à la place de l’altérité dans l’organisation sociale française.

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-  Dominique Boutet et Brigitte Garcia : Finalités et enjeux linguistiques d’une formalisation graphique de la langue des signes française (LSF)

Dominique Boutet et Brigitte Garcia actualisent un débat portant sur la pertinence d’envisager la conception d’un modèle de représentation écrite des LS. Leur réflexion met en exergue, alimente un questionnement récurrent sur les systèmes de notation, de transcription dans le délicat passage de la dimension spatiale et temporelle à un système linéaire intégrant des éléments compositionnels. Leur contribution intéresse la communauté des chercheurs en LS qui sont confrontés aux questions de la prise en compte et de l’analyse de leurs données filmées. Mais, au-delà de l’entreprise linguistique ambitieuse, Dominique Boutet et Brigitte Garcia nous interrogent sur ce qu’induirait une forme d’écriture des LS dans les processus de leur transmission et dans la dynamique de leur normalisation.

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-  Annie Risler : La simultanéité dans les signes processifs

Annie Risler nous propose de mettre en évidence les unités morpho-syntaxiques des LS dans leur agencement structurel syntaxique. Elle concentre son analyse sur une classe de signes, les signes processifs qui permettent une décomposition des signes en primitives, en opérateurs spatiaux et agentifs. Annie Risler reprend le modèle sémiogénétique de Christian Cuxac et fonde l’hypothèse que sa proposition de décomposition en molécules iconiques permettrait de mieux saisir les structures iconiques envisagées jusqu’alors dans leur globalité.

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-  Ivani Fusellier-Souza : Processus de création et de stabilisation lexicale en langues des signes (LS) à partir d’une approche sémiogénétique

Ivani Fuselier-Souza analyse les processus d’iconicisation en œuvre dans la création lexicale. Son étude se fonde sur l’observation de langues des signes en usage chez des sourds isolés, langues qu’elle dénomme Langues des Signes Primaires (LSP). Elle étudie, dans un premier temps, les mécanismes de création et de stabilisation lexicale dans les LSP pour, dans un deuxième temps, engager une comparaison avec deux langues des signes communautaires (la langue des signes française, la langue des signes brésilienne). Elle interroge ensuite le modèle sémiogénétique de Cuxac en centrant son analyse sur le passage de l’émergence à la stabilisation du signe.

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-  Agnès Millet : Le jeu syntaxique des proformes et des espaces dans la cohésion narrative en LSF

Agnès Millet a travaillé entre autres, comme je l’ai indiqué plus haut, sur les représentations sociales. Dans ce numéro, elle s’intéresse à la spatialité des LS en reprenant le terme proforme dans son acception syntaxique pour étudier dans un corpus de récit en LSF les fonctionnements en anaphores et cataphores. Elle concentre sa réflexion sur les proformes manuelles et les proformes corporelles qu’elle analyse dans leurs logiques d’agencement spatial et temporel. Agnès Millet dégage ainsi deux procédés complémentaires qui participent à la cohérence du récit : la création de locus (pointages) et le recours à des proformes manuelles et corporelles. Sa proposition théorique se démarque du modèle sémiogénétique de Cuxac par une remise en question de la distinction - sous les termes de la bifurcation des visées : illustrative, non illustrative - de deux sphères linguistiques représentées par le "lexique standard" et les "structures de grande iconicité". Elle pose que ces sphères constituent un "système linguistique unique, cohérent et dynamique".

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-  Geneviève Le Corre : Regard sur les rapports intersémiotiques entre la langue des signes française et le français

Geneviève Le Corre examine, dans un premier temps, les spécificités sémiotiques de la LSF : la différence de modalité, son incidence sur le mode d’accession au sens, l’ouverture sur les sémiotiques visuelles et la figurativité. Dans un deuxième temps elle analyse comment, malgré ces différences d’ordre structurel et fonctionnel qui opposent la LSF au français, un certain nombre de phénomènes, ponctuels, récurrents, constants, témoignent de rapports qui s’établissent entre les deux langues. Geneviève Le Corre aborde ici la question des rapports intersémiotiques dans le plan diachronique qui n’avaient pas encore été étudiés à ce jour dans le champ de la recherche sur la LSF.

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-  Pierre Guitteny : Langue, pidgin et identité

Pierre Guitteny étudie, en spécialiste de terrain, le rapport complexe qui est instauré en France entre les questions linguistiques et identitaires. Les aléas de l’histoire, le poids des normes, le jeu des représentations de la surdité, le rôle des institutions, le cadrage politique sont autant de facteurs qui permettent de comprendre la difficulté à être aujourd’hui sourd en langue, sourd en société, sourd en identité.

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-  Saskia Mugnier : Le bilinguisme des enfants sourds dans l’espace éducatif : de quelques freins aux possibles moteurs

Saskia Mugnier rend compte d’une enquête de terrain effectuée auprès d’enseignants dans le cadre d’entretiens et d’observations de pratiques de classe. Elle aborde la question de la place et du statut de l’éducation bilingue des enfants sourds français. Dans un premier temps de l’analyse ressort clairement, d’une présentation synthétique dynamique, la multiplicité des paramètres qui interviennent dans le succès ou l’échec de la configuration éducative bilingue. Dans un deuxième temps, les interactions bilingues sont étudiées dans leur dynamique interactive. Cette contribution d’actualité montre que la réussite du projet d’éducation bilingue pour les enfants sourds ne passe pas exclusivement par la voie législative.

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-  Françoise Bonnal-Vergès : Langue des signes française : des lexiques des XVIIIe et XIXe siècles à la dictionnairique du XXIe siècle

Françoise Bonnal-Vergès recense les dictionnaires de signes du XVIIIe siècle à nos jours. Son article représente une contribution intéressante, éclairée, allant de la lexicographie historique à la dictionnairique contemporaine. Elle propose d’étudier les composantes paramétriques morphémiques des signes en introduisant les notions d’iconon et de phylum. L’iconon est la source, l’image matricielle, la matrice conceptuelle iconique identifiée dans l’étude diachronique. Le phylum est le formant morphémique du signe. La contribution de Françoise Bonnal-Vergès offre enfin et surtout la proposition de nouveaux modèles de dictionnaires bilingues (LSF/français) et unilingues (LSF).

GLOTTOPOL - revue de sociolinguistique N° 7 en ligne

Responsable : Richard Sabria. Janvier 2006.

Editeur : Université de Rouen, laboratoire CNRS Dyalang, dynamiques socio langagières


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