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Scolarisation des jeunes sourds : les propositions de l’UNAPEDA

Article publié le jeudi 17 octobre 2013.


Sommaire

-  Introduction
-  Environnement législatif

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Introduction

L’ UNAPEDA organise le 3ème Salon des écoles et de la scolarisation et le Colloque Du lycée aux études vers l’insertion professionnelle et l’autonomie des sourds en partenariat avec l’INJS Saint-Jacques, les Cours Morvan et le SSEFIS Laurent Clerc à Paris le 5 avril 2014.

Dans ce cadre, nous avons souhaité faire un point sur la scolarisation des jeunes sourds et déficients auditifs

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Environnement législatif

Un certain nombre de textes récents sont venus impacter la scolarisation des enfants sourds et déficients auditifs :

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Cette loi a introduit :
-  Le principe d’inscription à l’école ordinaire.
-  La liberté de choix entre une communication bilingue (LSF et langue française) et une communication en langue française.
-  La reconnaissance de la langue des signes.
-  La rédaction d’un projet de vie et d’un projet personnalisé de scolarisation

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Des textes sont ensuite parus en 2009 concernant la création de « pôles LSF » destinés aux enfants sourds dont les parents ont fait le choix d’une éducation dite « bilingue » (le bilinguisme étant compris comme utilisation de la LSF et du français écrit et sans référence à l’oral) Comme nous l’avions souligné à cette date cette définition très restrictive ne pouvait que poser problème.

Et de fait une nouvelle circulaire (24 juin 2010) a transformé ces pôles LSF en pôles pour l’accompagnement à la scolarisation des jeunes sourds : les PASS car la nécessité « d’élargir la notion de pôles ressources »a été reconnue 

Il s’agit alors de regrouper tous les enfants sourds dans les mêmes pôles quelque soit mode de communication utilisé.

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Le rapport de l’inspection générale de l’éducation nationale sur la mise en œuvre de la loi de février 2005 dans l’éducation nationale apporte un éclairage intéressant.
Il fixe comme nouvelle priorité la scolarisation en lycée et met l’accent sur la difficulté du passage de la scolarisation à l’insertion professionnelle et ce quelque soit le handicap considéré
Il insiste sur la particularité de l’accompagnement par des AVS en lycée lors d’apprentissages complexes et reconnaît que l’AVS dans cette situation devient davantage « un assistant pédagogique ». Il pose également la question du statut des aides à la communication pour les déficients auditifs qui relèveraient de la compensation.

La note qui accompagne ce rapport et qui est dédiée à la surdité pointe quant à elle un certain nombre de difficultés dans la mise en œuvre des PASS.

Le premier écueil est celui des ressources humaines :

Installer un PASS par académie nécessiterait selon cette note une équipe minimale composée :

Or le rapport reconnaît que la ressource humaine est insuffisante et qualitativement hétérogène.

En effet le CAPES-LSF ayant été ouvert en 2010, 13 professeurs seulement ont été recrutés
Les titulaires de la certification complémentaires sont très peu nombreux et la certification est accordée à un niveau « très modeste » leur remplacement n’est pas toujours possible quand ils sont absents Le recours à des interprètes « présente un coût élevé »

Au final, la note pose la question du statut de la langue des signes :langue première ou langue vivante étrangère ?

Le deuxième écueil est celui des effectifs :

Le rapport note la faible proportion de sourds « signants » parmi les élèves sourds . » Cette proportion varierait de 0 à 7% selon les académies » (chiffre de la DGESCO)
Comment sont ils recensés ?

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Une place assez réduite est consacrée à la scolarisation des enfants porteurs de handicap, le rapport cité précédemment définissait pourtant des axes de travail intéressant et était porteur d’un certain nombre de propositions qui n’ont pas été reprises.

Quelques principes sont cependant réaffirmés :

-  Faire de l’école une école inclusive
-  Renforcer la coopération avec le secteur médicosocial
-  Prendre en compte les projets linguistiques des élèves sourds et de leurs familles « par le regroupement des élèves dans une même classe ou la mutualisation des moyens nécessaires dans un même établissement à l’échelle académique. »

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Ce rapport prévoit la titularisation des AVS de droit public.
La communication avec un enfant sourd nécessite une spécialisation et une formation aux différentes techniques de communication.
Peu d’AVS maitrisent ces techniques (le plus souvent quand elles les maitrisent, elles se sont formées elles mêmes). Il serait alors important d’affecter en priorité aux enfants sourds les AVS spécialisés surdité ce qui selon des remontées de terrain ne va pas de soi !!!!!
Le diplôme proposé est un diplôme de niveau V.
Pour exercer les métiers de l’accompagnement de la surdité (professeurs de sourds, interprètes, codeurs, interfaces de communication), des diplômes de niveau III ou II sont requis.

Nous sommes donc très réservés sur l’accompagnement des enfants sourds par des AVS.

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-  Mise en place d’un groupe de travail sur la scolarisation des jeunes sourds
-  Mise en place de parcours scolaires de la maternelle au lycée avec modalité bilingue ou choix du lpc dans certaines académies

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Commentaires

Cet « empilement » de textes législatifs ne simplifie pas les choix parentaux.

Des ambigüités persistent :

-  Définition du bilinguisme : est-il défini comme acquisition du français oral et écrit et de la langue des signes ou comme langue des signes et français écrit uniquement ?
-  Qu’en est-il de l’enseignement de la langue des signes pour tous (sourds et entendant) à l’école ?
-  N’y a-t-il pas confusion entre enseignement de la langue des signes et enseignement en langue des signes ?
-  On parle de projets linguistiques dans la loi, de parcours scolaires dans le relevé de conclusions du CIH. Pour nous l’école doit assurer avant tout un parcours de scolarisation et permettre l’accès du plus grand nombre à une poursuite d’études et une insertion professionnelle de qualité.
-  La mise en exergue d’un projet linguistique qui nécessiterait un regroupement des enfants sourds à l’échelle académique n’est elle pas en contradiction avec la notion d’école inclusive et de droit d’inscription à l’école ordinaire de proximité ?
-  La prise en compte des spécificités des jeunes sourds se résume-t-elle à une dualité : enseignement oral et lpc /enseignement en lsf ?
-  Quid des jeunes oralistes et signant ?

Concernant les AVS, si cette titularisation est une avancée significative pour ces personnels, se pose cependant l’adaptation de ce nouveau diplôme à la situation des enfants sourds.

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Conclusion

Le handicap de surdité est avant tout un handicap de communication. Or certaines situations sont des situations de communication à 100% (enfant sourd à l’école, jeune dans l’enseignement supérieur).

Un jeune sourd ou déficient auditif sera donc pénalisé :

S’il ne reçoit pas ou mal le message oral car :

Pour émettre un nouveau message :

Dans un certain nombre de situation de communication, la présence d’aides humaines est nécessaire pour compenser le handicap de communication et permettre aux personnes sourdes de recevoir le message et de le transmettre.

Ces aides humaines sont nécessairement des personnes qualifiées, travaillant dans des dispositifs et services structurés et garants d’une qualité de service à l’usager.

Alors que le dépistage précoce se met en place, que la technique évolue (de plus en plus de jeunes sourds sont implantés) la scolarisation des enfants sourds et déficients auditifs ne peut se résumer à la mise en place de PASS et à l’accompagnement par des auxiliaires de vie scolaire. Les structures en capacité de mettre des accompagnements spécialisés (codeurs, interprètes, interfaces, professeurs de sourds, éducateurs fonctionnels...) à la disposition des enfants et de leurs familles sont les services d’accompagnement et les établissements spécialisés (SSEFIS, SESSAD, etc...).

Le secteur médicosocial doit évoluer et répondre à des besoins nouveaux d’accompagnement en milieu ordinaire et de collaboration entre éducation nationale et secteur medicosocial.

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Les propositions de l’UNAPEDA

  1. Démultiplier les services de soins (SSEFIS) existants à partir ou non des établissements spécialisés, seule solution pour proposer des dispositifs d’éducation de proximité et de qualité.
  2. Faire évoluer les pratiques des établissements et services afin d’offrir réellement le libre choix du mode de communication.
  3. Unifier la formation des professeurs de sourds de l’Education Nationale et des Affaires Sociales (cela devient une nécessité puisque la loi indique que la formation sera dispensée par l’Education Nationale dans les établissements de santé ou médicosociaux).
  4. Reconnaître un nouveau métier de l’accompagnement, celui d’interface de communication.
  5. Lever les ambiguïtés inhérentes à la loi de février 2005 :
    - Quelles sont les articulations entre le projet de la famille, le projet personnalisé de scolarisation, le projet élaboré en SESSAD et les préconisations des MDPH ?
    - Quelle est la place des services SSEFIS ou SESSAD dans la scolarisation des enfants sourds et déficients auditifs ? Ont-ils vocation à être remplacés par les dispositifs Education Nationale ?
  6. Mettre en place dans chaque académie un cursus de préparation à l’option lsf au bac en privilégiant les lycées ou sont scolarisés les enfants sourds
  7. Proposer la LSF comme deuxième langue pour les jeunes déficients auditifs ou non qui en feraient la demande. Un certain nombre de jeunes sourds ont obtenu l’attestation « expert en langue des signes » à l’ INSHEA ou la licence professionnelle à Paris 8, il existe donc un vivier de professionnels formés.
L’UNAPEDA organise le 5 avril 2014 : Colloque sur la scolarisation : Du lycée aux études vers l’insertion professionnelle et l’autonomie des sourds

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