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Un adolescent combat les préjugés associés à la surdité

Article publié le mardi 5 juin 2018.


Depuis sa naissance, Jérôme Blanchette n’a jamais entendu un seul son par lui-même. Cela ne l’a pas empêché d’apprendre à parler à 2 ans et de se classer parmi les meilleurs joueurs de tennis de table de la province.
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Jérôme Blanchette
Amélie St-Yves/Journal de Montréal

Si la surdité entraîne souvent des problèmes d’apprentissage et de socialisation, l’adolescent de 17 ans a déjoué plusieurs pronostics.

Seul sourd profond de son école, il est devenu un modèle inspirant d’intégration. L’étudiant de secondaire 4 à Trois-Rivières a même conservé une moyenne de 80 % en apprentissage de l’anglais.

« Je veux que les enfants comprennent que la vie, ça peut toujours être amusant », dit-il en langue des signes, traduit par sa sœur Chloé Blanchette, 28 ans, qui est éducatrice en milieu familial.

Pour lui, la surdité ne doit pas être un obstacle à sa réussite. Il étudie, il est emballeur dans une épicerie à temps partiel, il suit ses cours de conduite pratique et il s’est entraîné au tennis de table trois soirs par semaine tout l’hiver. Son entraîneur, Martin Marcotte, le considère comme un adolescent exceptionnel. Il met tous les joueurs à l’aise et se classe cinquième en Mauricie et 45e au Québec, même s’il n’entend pas la balle rebondir.

« Rendu au niveau de Jérôme, le son de la balle permet de savoir si le joueur met de l’effet dedans. Ça peut faire une différence dans les moments importants », explique-t-il.

L’adolescent cumule quand même les compétitions, les médailles et les trophées.

« J’aime tout du ping-pong. Ça demande de la stratégie et chaque seconde compte. Ça irait mieux si j’entendais, mais ça, je m’en fous », dit-il.

Sept enfants

Jérôme Blanchette est le dernier d’une famille de sept enfants. Il n’entend rien en raison d’un bris du nerf auditif, comme l’aînée, sa sœur Fany.

La grande famille a tout fait pour qu’il apprenne à communiquer rapidement, se réjouissant de chaque petite victoire.

« Je lui montrais les positions de la bouche, on faisait aussi des sons. On avait beaucoup appris avec Fany. Je ne dirais pas que ç’a été facile, mais ç’a été moins difficile avec Jérôme », raconte sa mère, Lynda Projean.

Tout ce travail a porté fruit. Jérôme avait 2 ans quand il a commencé à dire quelques mots, comme « maman », « papa » et « jouer ».

L’adolescent connaissait plusieurs signes quand il a commencé la maternelle, mais suivre un interprète pendant toute une journée était un tour de force.

Travail social

Au primaire, il pouvait passer deux heures par soir à l’aide aux devoirs avec son interprète. Il a fini par doubler sa troisième année, malgré tous ses efforts.

« Grâce à ça, maintenant, je suis à égalité avec tous les autres. Mais c’est vrai que c’était dur », se souvient l’étudiant.

Après trois ans en classes spécialisées, il est retourné au régulier en secondaire 3, car il voulait se dépasser.

« J’aime aller à l’école Chavigny, les gens là-bas sont vraiment ouverts d’esprit. Ils ont accepté facilement ma différence », dit-il.

Pendant les sessions d’automne et d’hiver, c’est maintenant lui qui devient professeur et qui enseigne la langue des signes à l’école Communicasigne de son père, Yves Blanchette.

Le jeune homme aimerait étudier en travail social. Il veut aider les autres à ne pas avoir peur de s’épanouir, malgré les défis qui se dressent devant eux.

Les technos pour les sourds

La technologie a aidé Jérôme Blanchette à avoir beaucoup d’amis à l’école, puisque les ados qui veulent lui parler n’ont plus à apprendre la langue des signes. Ils n’ont qu’à le texter, ce qui simplifie les échanges.

L’adolescent souhaiterait néanmoins que ses collègues de classe essaient davantage de le comprendre face à face et d’apprendre la langue des signes.

« Ceux qui tentent de communiquer face à face, même si ça ne fonctionne pas, c’est parfait. Ceux qui n’essaient même pas de comprendre, ça m’énerve un peu, mais ça, c’est une autre affaire », explique l’adolescent.

Sa sœur Fany, aujourd’hui âgée de 31 ans et également sourde, n’a pas pu bénéficier de ce type de technologie quand elle était au secondaire.

« Moi, si je voulais parler avec mes amis, il y avait MSN et Hotmail sur l’ordinateur. Si j’étais en dehors de la maison, j’étais obligée de demander à une de mes amies d’appeler pour moi. C’était moins le fun et assez limité. Mon frère a de la chance », dit-elle.

Commander une pizza

Il est même maintenant possible pour un sourd de se commander une pizza seul, au téléphone. Jérôme Blanchette est bien fier de montrer son application SRV Canada, lancée il y a un an et demi.

L’application met la personne sourde en lien avec un interprète via la caméra du cellulaire. L’interprète fait ensuite le relais entre la personne sourde et l’autre interlocuteur.

Il y a deux ans à peine, quand la sœur de Jérôme, Fanny, voulait se commander une pizza, elle textait sa sœur Chloé qui passait la commande pour elle.

Le gouvernement du Canada a annoncé le 1er novembre que le Service de relais vidéo (SRV) Canada serait disponible 7 jours sur 7, 24 h sur 24. Depuis le lancement de la technologie, 280 000 appels ont été logés par 5000 abonnés canadiens via ce service.

Source http://www.tvanouvelles.ca

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