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Une langue en soi : La place de la langue des signes dans l’épanouissement des sourds

La place de la langue des signes dans l’épanouissement cognitif et social des sourds
Article publié le mardi 19 décembre 2006.


Présentation : la langue des signes constitue un bagage précieux dans le cheminement vers une pensée propre, une affectivité équilibrée, une vie sociale à part entière. Découverte des enjeux et des défis à relever pour que cette langue vivante révèle ses vertus libératrices.

Conférence donnée par
Damien Huvelle - Thierry Haesenne
à l’occasion du Colloque Apedaf : l’Autonomisation de la Personne Sourde le 2 décembre 2006.

Damien Huvelle et Thierry Haesenne sont linguistes et chercheurs à PROFILS, le centre de recherches sur la langue des signes de l’Institut Libre Marie Haps à Bruxelles.

Contacts

-  damien.huvelle@ilmh.be
-  thierry.haesenne@ilmh.be

0. Introduction

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Le langage est l’une des clés de l’éducation : il contribue à ses deux mouvements, qui sont complémentaires comme l’inspir et l’expir : autonomisation (épanouir son potentiel) et socialisation (intégrer les façons de penser et de faire du groupe).

L’autonomie, qui nous rassemble aujourd’hui, se manifeste par la confiance en soi, le sentiment de compétence, la fierté de ce qu’on est capable d’accomplir. Elle présuppose la capacité pour l’individu de s’adapter, de comprendre et de s’expliquer le monde qui l’entoure, d’agir avec pertinence sur son environnement matériel et social. Pour atteindre ce but, l’individu a besoin du langage.

Pour l’enfant sourd, l’enjeu est de taille. Pour ses parents, les décisions sont délicates, d’autant que les préjugés sont particulièrement nombreux. Essayons de tordre le cou à quelques uns d’entre eux.

Voici la structure de notre exposé :

Structure de la conférence

-  0. Introduction
-  1. A quoi sert donc le langage ?
-  2. La langue des signes est une vraie langue, une langue en soi
-  3. L’importance de la langue des signes pour l’enfant sourd : une langue en soi
-  4. Les défis à relever
-  Conclusion
-  Bibliographie

1. A quoi sert donc le langage ?

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On pense très généralement que le langage est un moyen de communication, de transmission d’information. Or, ce n’est pas sa fonction première. Le langage nous permet de développer l’intelligence du monde qui nous entoure. C’est comme un filet que l’homme jette sur le monde pour le ramener chargé de concepts qui nourriront sa connaissance. Le langage est avant tout un moyen de penser. Qui plus est, il n’est pas de pensée sans langage. C’est pour cela que les animaux ne pensent pas. Or penser, c’est se représenter, c’est donner forme à des concepts, des abstractions, des hypothèses. Le langage nous permet de créer un univers symbolique, qui se superpose au réel et lui donne sens, qui permet de parler de choses abstraites, imaginaires, absentes, passées ou à venir. Les fonctions premières du langage sont donc :
-  Comprendre, expliquer, imaginer.
-  Mettre des mots sur une émotion « Oh, mon Dieu ! », « Génial ! », « Putain de m... ! ».
-  Créer de la beauté, pour le plaisir. Ces fonctions du langage, clé de la construction de la pensée, qu’elle soit empirique, fantaisiste ou poétique est un enjeu sur lequel on met rarement l’accent.

On n’observe jamais le langage comme tel. Ce qu’on observe, ce sont les langues qui sont les façons de penser et de parler partagées par des communautés d’humains adultes. Chaque langue découpe le monde à sa manière. Chaque langue, héritage de nombreuses générations, apprend à l’enfant à penser le monde d’une certaine façon. Elle lui apprend aussi à se penser lui-même et contribue de façon décisive à la construction du moi. Enfin, la langue entretient la vie sociale. Vue sous l’angle de la relation, la langue est donc tout à la fois objet (pensée conceptuelle) et moyen d’échange.

Voici quelques exemples :
-  établir ou entretenir le contact : « Coucou ! », « Ca va ? »
-  influencer l’autre : « Vous êtes libre ce soir ? », « Pousse-toi de là », « Vous avez du feu ? » ; « Je manque d’air ! »
-  partager les savoirs, transmettre ou demander une information utile : « Il y a 8 écoles pour sourds en Belgique francophone » ; « Pourquoi la mer est bleue ? »
-  se mettre en scène, augmenter son prestige : « Tu connais la dernière ? »
-  clarifier son propre discours : « Tu vois ce que je veux dire ? », « Autrement dit... »

On voit ainsi que le langage est à la fois un moyen de produire de la représentation et un moyen d’agir dans le cadre de la relation à l’autre.

Il est un moment emblématique dans le développement du langage. Vers 13 mois, on observe chez l’enfant l’apparition du pointage. C’est une invitation à l’attention conjointe : une relation avec autrui dans laquelle l’attention des deux partenaires se porte sur un objet commun. L’enfant, avec son doigt, isole un morceau de monde. Son regard se porte vers l’adulte et il produit un mot, ou un signe. En effet, le morceau de monde, l’objet pointé, est porteur de sens. L’attention de l’enfant va progressivement se porter sur l’objet mental (émotion, intention, concept, etc...). C’est un moment essentiel à comprendre, surtout quand l’enfant est sourd et ses parents entendants, parce qu’il permet de mettre en place de bons réflexes dont nous parlerons en conclusion.

2. La langue des signes est une vraie langue, une langue en soi

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La langue des signes est une vraie langue, pas une option accessoire trop souvent présentée telle quelle par les professionnels lors du dépistage de la surdité de l’enfant.

Les bébés sourds de parents sourds passent par les mêmes étapes que les entendants (prélangage : babillage manuel, premiers signes, premières combinaisons, langage proprement dit : morphologie, syntaxe, pragmatique).

Ce sont les mêmes zones spécialisées du cerveau qui travaillent, que l’on parle ou que l’on signe.

Pendant longtemps, on a considéré les langues des signes comme étant les parents pauvres des langues orales. Certains sourds ont pourtant avancé des arguments convaincants pour prouver que les langues des signes étaient en tous points de vraies langues. Il faudra cependant attendre la fin des années 1950 pour que William C. Stokoe, un linguiste américain et professeur de langue anglaise à l’Université Gallaudet (la seule université pour les sourds) révèle au monde les propriétés linguistiques de la langue des signes américaine. Le fait que les langues des signes soient de vraies langues n’est plus nié par personne.

Quelles sont les caractéristiques qui font que les langues des signes sont de vraies langues ? Nous reprenons ici les caractéristiques les plus importantes :
-  double articulation (un nombre limité de phonèmes et des possibilités illimitées de création morphologique). Les langues des signes ont également la capacité de montrer la relation entre les symboles (marqueurs grammaticaux)
-  productivité : le nombre de phrases que l’on peut émettre est illimité, et de nouveaux messages sur n’importe quel sujet peuvent être produits n’importe quand. De même, de nouveaux signes n’ayant jamais existé auparavant peuvent apparaître, via des procédés complexes de création lexicale.
-  créativité (jeux de mots, poésie visuelle)
-  temporalité : les langues des signes ont la possibilité de montrer le passé, le présent et le futur
-  changements diachroniques : les langues des signes sont des langues vivantes qui évoluent avec le temps. De nouveaux signes sont créés tous les jours, tandis que d’autres deviennent obsolètes.
-  variantes régionales d’une même langue des signes : les langues des signes ne sont pas universelles.
-  transmission culturelle : personne n’est programmé pour apprendre une langue spécifique ; les enfants sourds apprennent la langue des signes aussi naturellement que les enfants entendants (de parents sourds) lorsqu’ils y sont exposés dans des conditions idéales. De même, les langues des signes sont transmises de génération en génération dans des familles de sourds, tout comme les langues orales le sont dans des familles d’entendants.
-  métalinguistique : les locuteurs d’une langue des signes ont la possibilité de parler de leur langue, de réfléchir et de discuter sur celle-ci en utilisant la langue des signes. C’est une caractéristique propre aux langues humaines.

Les langues signées sont toujours minoritaires et ne bénéficient donc pas d’un statut équivalent à celui des langues orales, même si elles sont reconnues légalement dans de nombreux pays en tant que langues à part entière.

Comme toutes les langues minoritaires, les langues des signes subissent des influences plus ou moins marquées de la langue majoritaire. On voit donc apparaître des marques transcodiques : des calques (épellation du mot français, ou signe initialisé - avec pour configuration la première lettre du mot français- ou signe composé suivant les morphèmes du mot français correspondant. Ces calques sont plus ou moins nombreux en fonction de la situation sociale et linguistique du signeur.

Ces calques donnent la fausse impression que la langue des signes belge francophone n’est qu’une pâle copie de la langue française, comme l’a cru un employé de la Commission Européenne lorsque l’Union Européenne des Sourds a demandé à ce qu’on insère les langues des signes dans la Charte Européenne des Langues Régionales et Minoritaires.

Aussi, les nombreuses années d’interdiction de la langue des signes ont généré un fort sentiment d’insécurité linguistique chez les sourds plus âgés qui pensent que leur langue n’est pas assez riche, qu’elle manque de structure. Ainsi, lorsqu’ils sont en contact avec des personnes entendantes, ces sourds utilisent une forme de pidgin, le français signé souple qui suit plus ou moins les règles syntaxiques du français oral, mais qui n’a en fait aucune structure, les signes étant alignés les uns après les autres sans marqueurs grammaticaux nets. Ces sourds pensent ainsi faciliter la compréhension du message signé chez la personne entendante.

C’est cette tendance au français signé chez ces sourds qui a généré chez certains parents et professionnels de la surdité une préconception totalement erronée selon laquelle il suffit de mémoriser des listes interminables de vocabulaire pour acquérir une parfaite maîtrise de la LSFB. Les règles grammaticales de la LSFB étant très complexes et impliquant tout une série de paramètres (regard, emplacements, pointeurs, articulateurs non-manuels, etc.), il faut de nombreuses années avant qu’une personne puisse maîtriser celle-ci.

Jusqu’à récemment, la plupart des cours de langue des signes dispensés aux parents d’enfants sourds étaient en fait des cours de français signé où l’on se contentait d’enseigner des listes de signes réparties par thèmes et il n’y avait donc aucun enseignement de la grammaire de la langue des signes de Belgique francophone.

Ce que nous venons d’exposer peut partiellement expliquer la réticence de certains professionnels de la surdité à proposer la langue des signes aux parents d’enfants sourds.

3. L’importance de la langue des signes pour l’enfant sourd : une langue en soi

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Si l’on a compris le rôle du langage comme mode de construction de la pensée, de la personne et de la relation ; si l’on a compris que la langue des signes est une langue à part entière, il reste à expliquer que pour l’enfant sourd, la langue des signes est capitale. Il s’agit ni plus ni moins pour lui de développer une langue en soi.

Comment cela se passe-t-il ? Lorsque les conditions sont rassemblées, la langue s’acquiert spontanément, sans effort, naturellement, c’est à dire sans artifice. Les conditions en questions sont les suivantes :

-  la vie quotidienne est baignée d’échanges signifiants (concepts), de relations gratifiantes (plaisir) et nourrissantes (socialisation) ;
-  l’échange met en présence l’enfant et la langue par le biais d’un ou plusieurs adultes lui présentant des énoncés linguistiquement corrects et anticipant sur les productions de l’enfant pour les rendre signifiantes à leur tour ;
-  il y a un espace de jeu ou les émotions et les diverses fonctions du langages sont activées gratuitement, pour le plaisir ;
-  l’enfant est en contact avec des pairs.

Voilà pour ce qui est de l’éducation à la langue. Soit dit en passant, c’est la raison pour laquelle je défends depuis des années les projets qui permettent de raconter des histoires en langue des signes aux enfants sourds.

Ceci dit, que se passe-t-il lorsqu’un préjugé ou une vision simpliste du langage prévalent dans l’éducation ? Par exemple, lorsqu’on pense que « parler = communiquer = exprimer des idées à l’aide de sons / signes ». L’enfant entendant survit à de tels préjugés parce que les contextes d’apprentissage sont très variés. Pour l’enfant sourd, c’est plus grave, parce que le langage étant atteint, ces conceptions dans la tête de l’adulte vont artificialiser tout échange. Trois conséquences catastrophiques se mettent en branle :
-  le langage, qui n’était qu’un moyen d’autonomisation et de socialisation, devient une fin. Tout échange devient une leçon de langage.
-  plusieurs fonctions du langage passent à la trappe et on se focalise avec une certaine crispation sur :

Après quelques années de ce traitement, il est normal que l’enfant sourd accumule des retards et perde goût à l’échange.

Pourquoi, dès lors, accorder une importance privilégiée à la langue des signes pour l’épanouissement de tout enfant sourd ? C’est une vraie langue, à la différence :
-  du français signé, qui est un pidgin
-  de l’alphabet des kinèmes assistés (A.K.A.) et du langage parlé complété (L.P.C.), qui sont des techniques.

C’est la langue la plus accessible à l’enfant qui l’acquerra comme tout humain acquiert une langue et dans les conditions requises mentionnées tout à l’heure. Elle permet autonomisation et socialisation.

C’est un socle qui permet d’asseoir les compétences sur lesquelles l’enfant sourd peut compter pour aborder, sereinement et avec confiance, l’apprentissage du français et la socialisation avec les entendants. Pour voler dans les airs, le poisson volant doit prendre des forces dans l’océan.

Pourquoi l’apprendre maintenant, tant que l’enfant est petit, et non plus tard, quand il sera grand ?

Parce que les recherches montrent qu’il aura une maîtrise de la langue d’autant meilleure et approfondie que l’on aura commencé tôt
Parce que l’on a tout à perdre si l’enfant ne démarre pas à l’oral... les devenus sourds qui apprennent la langue des signes tard réussissent mieux en langue des signes que les enfants sourds qui ont échoué à l’oral et apprennent les signes tard
... et tout à gagner dans l’autre sens
les sourds signants natifs maîtrisent mieux une seconde langue (orale) que les sourds qui apprennent la langue des signes plus tard

Ne risque-t-on pas de nuire au développement du français ?

Au contraire ! Il faut cesser d’opposer les deux langues. Tous les linguistes vous diront que le bilinguisme augmente les compétences métalinguistiques. La plupart des populations non occidentalisées sont au moins bilingues. Il est clair que bien connaître une première langue favorise l’acquisition d’une seconde langue. Soyez donc rassurés : si l’enfant maîtrise bien la langue des signes, il progressera d’autant mieux en français. Les enfants sourds signants de parents sourds ont un meilleur niveau de lecture.

Malgré ces informations (qui existent depuis longtemps), la majorité des programmes scolaires ne proposent toujours pas la langue des signes comme première langue aux enfants sourds.

4. Les défis à relever

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La langue des signes n’est pas proposée d’emblée ; on revient ici trente ans en arrière lorsque les médecins déconseillaient aux parents le recours à la langue des signes sous peine de voir l’acquisition du langage oral freinée. On constate ici que les mentalités n’ont guère évolué : la langue des signes reste toujours une option accessoire.

De plus, lors de la découverte de la surdité de leur enfant, les parents entendants n’ont généralement jamais entendu parler de la communauté sourde ni de la langue des signes. Les parents sont donc confrontés à un choix : accepter la langue des signes ou suivre les conseils des médecins.

Les questions que les parents se posent (comment parler avec mon enfant une langue que je ne connais pas ? Comment ont fait les sourds qui ont réussi ?) sont tout à fait légitimes, mais la difficulté réside dans le fait qu’il est extrêmement difficile pour les parents d’avoir la possibilité de s’autonomiser par rapport aux professionnels qui ont le don de les culpabiliser et de les mettre face à un dilemme qui, en réalité, n’existe pas : l’acquisition du langage oral OU de la langue des signes.

On le sait, l’exposition tardive à un modèle linguistique a des conséquences désastreuses sur le développement linguistique et émotionnel de l’enfant sourd. La majorité des sourds issus de familles d’entendants ont appris le langage dans un contexte d’enseignement et non de façon naturelle (c’est surtout l’adulte qui parle, ou les enfants les plus bavards). L’oralisme pur a produit des adultes perroquets sans esprit critique, même s’il y a eu des exceptions notoires.

On l’a dit auparavant, un modèle linguistique précoce favorise un développement harmonieux des compétences de l’enfant. Les enfants sourds peuvent avoir des contacts précoces avec des modèles adultes sourds présentant la langue des signes, en crèche par exemple. Malgré leurs parents qui signent maladroitement, les enfants sourds créolisent les langues signées.

Un contacts avec des sourds adultes lecteurs est également une piste à envisager. Des recherches ont été menées dans plusieurs pays afin de déterminer la meilleure voie à suivre pour acquérir un bon niveau de lecture. Il n’existe pas une voie unique, mais en tout cas on sait que la langue des signes n’a jamais été un frein à l’apprentissage de la lecture. Il conviendrait donc d’explorer les possibilités qu’offre la langue des signes pour acquérir un bon niveau de lecture.

Donc, concrètement, que convient-il de faire ?

  1. Accepter de transmettre la langue des signes le plus tôt possible à son enfant, en évitant de culpabiliser face à l’insistance des médecins (qui souvent ne connaissent ni les propriétés de la langue des signes, ni la culture sourde)
  1. Revendiquer ses droits si les choix ne sont pas possibles. Refuser la pression des médecins et consulter d’autres professionnels de la surdité ; rencontrer des adultes sourds épanouis et autonomes.
  1. Refuser les dilemmes. Il ne s’agit pas ici d’un choix entre deux langues : la langue des signes n’est pas une option accessoire, elle DOIT être transmise à l’enfant sourd, en même temps que la langue française (orale ou écrite). L’enfant aura donc de solides bases linguistiques au départ. L’exposition à une langue sonore n’est pas déconseillé, mais le temps que l’enfant sourd prenne ses repères dans la langue orale, il est souvent trop tard.
  1. Savoir comment s’y prendre pour apprendre la langue des signes. Consulter différents établissements fournissant des cours de langue des signes et choisir le cours qui convient le mieux. Dans tous les cas, on ne peut que recommander des cours de langue des signes avec des adultes sourds qui peuvent mieux transmettre les nuances de leur langue que des entendants l’ayant apprise en contact avec des sourds.
  1. Il convient aussi de connaître les modes de transmission d’une langue : la famille : elle joue un rôle primordial dans le développement de l’enfant sourd. L’important ici n’est pas de signer correctement, mais de pouvoir communiquer avec son enfant, de lui communiquer ses émotions, de partager son plaisir de découverte du monde. l’école : A l’heure actuelle, de plus en plus d’éducateurs sourds travaillent dans des établissements spécialisés et sont donc des modèles linguistiques pour l’enfant sourd. la communauté : en contact avec ses pairs sourds, l’enfant va enrichir son bagage linguistique. Les mouvements de jeunesse comme le Cree sont des lieux de vie indispensables.
  1. Connaître les fonctions du langage importantes à stimuler : langue du récit, pensée, abstraction, imagination, poésie, explication du monde domaine affectif, complicité, plaisir, confiance en soi communication, relation, échange, socialisation

Conclusion

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« Une vérité qui dérange », c’est le titre du film d’Al Gore qui passe actuellement au cinéma et qui m’inspire pour cette conclusion. Les ravages de la naïveté sont une leçon que j’ai tirée de mon parcours professionnel dans le monde de la surdité. Le paysage linguistique est un peu comme un écosystème. Il y a santé lorsqu’il y a biodiversité.

Comme en écologie, on assiste à l’érosion, à la disparition progressive de la langue des signes à cause de l’inconscience et de l’interventionnisme maladroit de ceux qui veulent bien faire. La langue des signes est un patrimoine que nous a transmis la communauté des sourds. Il est précieux et il est fragile. Précieux, parce qu’il est l’illustration de cette compétence des humains à transmuter le plomb en or, la déficience en différence, la différence en richesse. La langue des signes est le fruit, sur des générations, de l’intelligence humaine qui pense et parle le monde de façon visuelle et gestuelle, mais avec autant de talent et de génie que les entendants. Fragile, parce que cette langue est minoritaire et ne se transmet pas de façon linéaire, de parents à enfants. Un peu comme pour le commerce équitable, ce sont nos choix de consommateurs qui vont faire la différence.

Bibliographie

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Michel DELEAU et Gaïd LE MANER-IDRISSI, Le développement des habiletés pragmatiques chez les enfants sourds, in : Catherine TRANSLER, Jacqueline LEYBAERT et Jean-Émile GOMBERT (éds.), L’acquisition du langage par l’enfant sourd. Les signes, l’oral et l’écrit, Marseille, Solal, 2005

Daphné DUCHARME et Rachel MAYBERRY, L’importance d’une exposition précoce au langage : la période critique s’applique au langage signé tout comme au langage oral, in : Catherine TRANSLER, Jacqueline LEYBAERT et Jean-Émile GOMBERT (éds.), L’acquisition du langage par l’enfant sourd. Les signes, l’oral et l’écrit, Marseille, Solal, 2005

Rachel SUTTON-SPENCE et Bencie WOLL, The Linguistics of British Sign Language. An Introduction, Cambridge, Cambridge University Press, 1999.

Clayton VALLI et Ceil LUCAS, Linguistics of American Sign Language. An Introduction (second edition), Washington D.C., Gallaudet University Press, 1996.


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